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Janvier 2032. a 15 ans et vit au cœur d’une métropole « Aix - Marseille - Provence » de plus 2 millions d’habitants, ainsi que l’avait prévu l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) en 2016. La légende de la fondation de Marseille raconte que la ville est née de la rencontre entre des étrangers et des autochtones. Derrière le mythe, il y a une réalité : pendant des siècles, la population marseillaise a crû et décru au rythme des vagues d’immigration. C’est d’ailleurs ce qu’on enseigne à l’école : les Italiens, les Arméniens, les « Pieds-Noirs », les Maghrébins ou les Comoriens sont venus peupler Marseille aux XIXe et XXe siècles. Mais les choses ont changé. Depuis plusieurs années, les « néo-Marseillais » venus d’autres régions de France remplacent les étrangers comme moteur de croissance de la population. Le nombre d’habitants augmente plus lentement, en fonction des naissances et des décès, et de ces nouvelles installations.
Autour de 600 avant Jésus-Christ, les Grecs de Phocée, en Asie Mineure, amarrèrent leurs bateaux dans une large calanque entourée de collines – l’actuel Vieux-Port. Lors du banquet donné en l’honneur des marins par la tribu celte qui vivait sur ces collines, Gyptis, la fille du roi de cette tribu, fut séduite par l’un des marins grecs, Protis, et le choisit pour mari.
Ils fondèrent ensemble la nouvelle cité.
A quoi ressemblera, en 2032, la population de la deuxième ville de France? Pour tenter de l’imaginer, nous avons questionné Alexandre Gautier, responsable du service Etudes et diffusion à l’Insee Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Avec 1,7 million d’habitants dans son aire urbaine, Marseille se place troisième sur le podium des villes les plus peuplées. (source: Insee)
Comment la démographie marseillaise a-t-elle évolué depuis 1945 ?
Marseille a connu une forte croissance de sa population au lendemain de la guerre. Entre 1954 et 1975, on a presque 260.000 habitants supplémentaires, des rapatriés d’Algérie pour moitié, la croissance naturelle et l’immigration de travail formant l’autre moitié. Puis la ville perd près de 100.000 habitants entre 1975 et 1990, sous l’effet de la désindustrialisation, mais aussi de la périurbanisation : de plus en plus de Marseillais s’installent dans les communes alentours. Dans les années 1990, la population reste stable, autour de 800.000 habitants. Et depuis l’an 2000, elle augmente à nouveau : on compte désormais 855.000 Marseillais.
Quel est le rôle de l’immigration étrangère dans ce redémarrage ?
Il est assez réduit : seulement 13% des habitants de Marseille sont des immigrés, contre 20% à Paris. Il n’y a plus de grandes vagues d’immigration comme celles qui ont nourri Marseille par le passé. L’augmentation du nombre d’habitants (0,7% par an) s’explique aujourd’hui par la croissance naturelle et les arrivées d’« immigrés français », dont la région parisienne est le premier pourvoyeur.
En comparaison, à Paris, les immigrés représentent 20,3% de la population. Etre immigré signifie être né non-français à l’étranger. Cela comprend donc les naturalisés. (source: Insee)
La répartition des habitants dans la ville change-t-elle ?
Le littoral et le centre-ville perdent des habitants depuis 20 ans, au profit des quartiers est et des collines : c’est une sorte de périurbanisation interne, puisque la ville est très étendue. La rénovation urbaine favorise l’installation de populations plus aisées dans les quartiers rénovés du centre, comme le Panier ou la Joliette. Mais il n’y a pas de « gentrification » globale à Marseille, puisque 25% de ses habitants vivent en-dessous du seuil de pauvreté – contre environ 15% à Paris et à Lyon – et que 18% des actifs sont au chômage. Contrairement aux autres grandes villes européennes, à Marseille, il y a encore des pauvres dans le centre-ville.
Quelles projections peut-on faire pour les décennies à venir ?
Une tendance qui ne s’inversera pas, c’est, comme partout en France, le vieillissement. Mais Marseille est une ville qui vieillit moins vite qu’ailleurs, grâce à sa croissance naturelle et parce que ses universités sont assez attractives. Ensuite, pour attirer plus d’habitants, il faut une vraie relance économique. C’est l’un des objectifs de la métropole : favoriser l’implantation d’entreprises à haute valeur ajoutée, créatrices d’emplois.
Au total, les étrangers représentent 8,1% de la population marseillaise (2012). C’est quasiment deux fois moins qu’à Paris, où 14,8% de la population n’a pas la nationalité française (2012). (source: Insee)
20 Minutes a interrogé 5 nouveaux venus à Marseille. Ils expliquent ce qui les a séduits dans cette ville.