L'urbanisme

© Boris Horvat/AP/SIPA

Cap au Nord toute

Mai 2016. Dans quelques jours, quittera la maternité. Ses parents ont déjà prévu de l'emmener faire un petit tour du côté de « Smartseille », un nouveau quartier connecté construit tout près de chez eux, dans le 15e arrondissement, au nord de Marseille. La première tranche du chantier avance à vitesse grand V. Des visites commencent à être organisées pour admirer la vue en hauteur, assez impressionnante, sur la rade et les infrastructures alentours.

Si tout va bien, ils emménageront à l'orée 2018 dans le T3 acheté sur plan, 3.000 euros du m² (800 euros moins cher que le prix moyen dans le neuf), avec place de parking mutualisée. Ils y fêteront la nouvelle année et leur nouvelle vie dans cet îlot Allar, un écoquartier innovant de 58.000 m² mixant logements, bureaux et équipements.

Chez ces premiers habitants, « il y a un côté presque militant », estime Hervé Gatineau, directeur grands projets chez Eiffage Immobilier Méditerranée. Les traits de cette « ville durable de demain » sont sortis tout droit de leur labo de recherche. Avec ce projet, Marseille écrit une nouvelle page de son histoire urbaine.


* © Thierry LAVERNOS

« Smartseille » ou la ville en mode futuriste

Concrètement, à quoi ressemblera le quotidien dans « Smartseille » pour les 4.000 pionniers qui vont y vivre et y travailler ? D'abord, elle sera ultra-connectée et orientée services. Besoin de réserver une voiture électrique ou une place de parking pour un client de passage ? Il suffira de se connecter à l'e-conciergerie, où l'on pourra aussi poser du linge pour le pressing, faire partir un colis, prendre rendez-vous chez le coiffeur qui s'installera ici tous les vendredis. Ensuite, elle sera économe en énergie, avec des échanges de calories entre logements et bureaux (jusqu'à 30 % d'économie sur les factures). Enfin, le mode de vie se veut solidaire, à l'image du potager en terrasse, où se retrouveront enfants de la crèche et habitants de la résidence pour personnes âgées.


Il y a vingt ans, une grande opération d'intérêt national était lancée pour développer l'attractivité de Marseille et la placer au niveau des grandes métropoles méditerranéennes. Son nom de code : Euroméditerranée. « Comme souvent dans l'histoire de la ville, c'est l’État qui fait quelque chose pour Marseille », rappelle l'architecte Thierry Durousseau. Le périmètre d'action s'étend d'abord sur 310 hectares. Parmi les premiers faits d'armes de l'opération : l'arrivée du TGV à la gare Saint-Charles, le renouveau de la rue de la République et le pôle Média de la Belle de Mai.

Mais c'est en 2013, alors que Marseille est désignée capitale européenne de la culture, que la ville a dévoilé, fièrement, son nouveau visage. Agrandis et rénovés, les quais du Vieux-Port sont devenus une nouvelle promenade.

Désormais, les touristes dépassent le marché aux poissons, déambulant vers le fort Saint-Jean et le MuCEM, et aujourd'hui les Voûtes de la Major, les Terrasses du Port, les Docks, avec en ligne de mire la tour CMA-CGM. « Sur la façade littorale, nous avons fait bouger les lignes et tomber les barrières psychologiques qui existaient entre la ville et le port », affirme François Jalinot, directeur général d'Euroméditerrannée.

Bientôt, de nouvelles tours s'élanceront des quais d'Arenc, sous la houlette de l’architecte Jean Nouvel notamment. « Construire ces trois tours sur le front de mer va encore transformer le paysage littoral marseillais », assure Marc Pietri, président du groupe Constructa qui mène ce chantier.

L'acte 2 d'Euroméditerrannée va se jouer un peu plus au nord encore. « Il s'agit de reconquérir des friches industrielles de la fin XIXe-début XXe siècles pour valoriser cette chance que l'on a d'avoir 170 hectares accrochés au centre-ville et parfaitement desservis, relève François Jalinot. Nous construisons une ville nouvelle pour accueillir 36.000 habitants et des activités économiques porteuses d'emplois et de croissance. »

Avant / Aujourd'hui / Après
L’évolution de la ville en un siècle

Le visage architectural de Marseille s’est largement transformé depuis plus d’un siècle. Le Canet, le Vélodrome, et le Vieux-Port, sont trois quartiers qui symbolisent ces changements. Voyagez dans le temps en images.

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L'îlot Allar

1950© Auteur anonyme

2016© Carole Filiu Mouhali

2030© Eiffage Immobilier Méditerranée/Golem

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Le vélodrome

1950© Ernest Lévy ou Emile Lacour

2016© Carole Filiu Mouhali

2030© Benoy Didier Rogeon

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Le vieux port

1950© Emile Lacour

2016© Carole Filiu Mouhali

2030© MDP

Marseille déplacerait-elle son cœur de ville vers le Nord ? Si l’on jette un œil sur la Canebière, en mal de développement, on n'est pas loin de le penser. Quant au sud de la ville, le nouveau quartier qui prend forme autour du Vélodrome compte bien sur l'Euro 2016 pour se lancer. D'ici à quelques années, y fera son baptême de match de l'OM. Pour l'occasion, ses grands-parents feront le déplacement. Ils logeront à « Smartseille » : des chambres sont spécialement réservées aux visiteurs de passage.